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Il y a 15 ans, j’ai monté mon tout premier groupe.
J’étais à la batterie, et mon pote Mathieu venait de se mettre à la basse.
On n’avait aucune idée de ce qu’on faisait.
On jouait fort, on jouait vite, et surtout… chacun dans son monde.
À cette époque, je pensais que “bien jouer”, c’était être précis, régulier, carré.
Mais j’avais tort… enfin, pas totalement.
Parce que oui, jouer juste et en rythme, c’est la base.
Mais ça ne fait que la moitié du travail.
L’autre moitié, c’est la connexion avec les musiciens, ta capacité à écouter, t’adapter et créer un espace où la musique respire.
C’est ce que j’ai compris avec le temps :
« Le groove, ce n’est pas juste bien jouer sa partie, c’est créer un lien avec les autres »
Avant de me lancer dans une impro, un bœuf ou une compo, s’il y a une ligne de basse, je commence toujours par l’écouter.
J’essaie de comprendre ce qu’elle raconte : d’abord rythmiquement, puis musicalement.
Est-ce que la ligne évolue ?
Est-ce qu’elle garde une tension ?
Qu’est-ce qu’elle provoque à mon oreille ?
Bref, je fais un petit audit rythmique avant de jouer.
Ensuite seulement, je me lance.
Si tu débutes, tu peux déjà essayer de “coller” la basse, c’est-à-dire créer un rythme proche de son articulation rythmique.
Par exemple : si elle joue des croches, suis ses croches, pas forcément toutes, mais va dans sa direction.
L’objectif, c’est de créer un bloc rythmique solide sur lequel les autres instruments vont pouvoir venir se poser et colorer le tout.
Et quand tu seras plus à l’aise, tu pourras sortir des sentiers battus pour créer une vraie complémentarité rythmique entre la batterie et la basse.
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Si tu veux que ton groove tienne debout, il faut que la pulsation soit stable.
C’est la fondation sur laquelle tout repose.
Quand tu joues avec un bassiste, demande-toi : est-ce qu’on marche au même tempo ?
Est-ce que mon “1” tombe là où le sien tombe ?
Si tu accélères, même légèrement, tu casses le lien.
Si tu ralentis, tu tires tout le groupe vers le bas.
Avant de chercher à “jouer au feeling”, commence par jouer au métronome.
Sentir le tempo dans ton corps et ta tête.
Laisse-toi porter par la pulsation du morceau, pas par ton énergie du moment.
Une fois que tu maîtrises cette base, tu pourras ensuite t’amuser avec les placements, les décalages, les micro-retards…
Mais d’abord, sois un pilier rythmique.
C’est une erreur très fréquente :
le batteur fait un break → le bassiste le suit → le morceau sature.
Résultat : plus personne n’écoute, et le groove disparaît.
Le secret, c’est de laisser respirer la musique.
Quand un musicien remplit, l’autre soutient.
Par exemple : si tu fais un gros break de toms, ton bassiste peut simplement tenir une note pour maintenir la tension.
Et inversement, si lui fait une ligne bien chargée, tu peux simplifier ton jeu pour le mettre en valeur.
Le groove, c’est une conversation :
si tout le monde parle en même temps, on ne comprend plus rien.
C’est souvent tentant de vouloir tout montrer :
des ghost notes, des breaks, des doubles, des ouvertures de charley…
Mais plus tu joues, moins tu laisses de place à la musique.
Jouer en groupe, ce n’est pas “remplir les trous”, c’est choisir ses moments.
Un groove simple, bien en place, avec de l’espace, sera toujours plus fort qu’une avalanche de notes.
Demande-toi à chaque instant :
“Est-ce que ce que je joue sert la musique… ou sert mon ego ?”
Parfois, le silence groove plus fort qu’une frappe.
Un bon groupe, c’est un groupe qui se regarde.
Un simple geste, un sourire, un signe de tête…
Et tout le monde comprend quand s’arrêter, quand relancer, quand casser.
La communication non verbale, c’est ce qui fait la différence entre un groupe qui joue ensemble et un groupe qui joue côte à côte.
Regarde les mains du bassiste, observe-le, anticipe ses départs.
Et surtout, exagère tes mouvements pour que les autres puissent lire ton intention.
C’est exactement ce qu’on fait sur scène avec Mathieu : un regard, un break, un silence, et tout le monde sait ce qui arrive.
C’est fluide. C’est vivant.